Dans la tête dans banquier d’entreprise (BeezConf)

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  • Dernière modification de la publication :7 novembre 2025

 

Cette Beez Conférence « Dans la tête d’un banquier d’entreprise », pour … pour une communication financière efficace et donner les clefs pour comprendre et préparer le financement de son entreprise  a été animée le 27 octobre 2025, par Yves Salmon (chargé d’affaire d’entreprise), à l’attention :
– des experts engagés beeznet,
– des membres de l’association Beeznet,
– et de leurs invités.
Merci à Dalila, Vamara, Arimi, Vincent, Issiaka, Léréyaha, Kinandja… pour leur participation.
Merci à Jean-Philippe, président de l’Association pour l’organisation.
Merci à notre expert Yves Salmon, pour son animation.

Voir ci-après :

  • la rediffusion de cette BeezConférence (48 minutes) (voir ici)
  • la rediffusion de la page introductive sur l’Association, les BeezConf et autres productions (voir ici)
  • les points clés abordés (voir ici)
  • la séance de questions-réponses retranscrite (voir ici)

Voir la présentation générale et liste des BeezConf.

– 0mn00 introduction du sujet
– 0mn45 A quoi sert un banquier ? Une banque ? Comment il gagne de l’argent ?
– 11mn00 La place du risque dans le métier de banquier. comment évaluer le risque ? 
– 21mn10 Segmentation/ caractérisation des clients… et agence entreprise 
– 27mn30 Le chargé d’affaire entreprise, note de crédit
– 33mn00 Dossier à fournir au banquier pour qu’il soit accélérateur du développement, demande de financement
– 43mn30 Analyse par le banquier de la demande de financement
– 48mn16 Dernier conseil et conclusion.

Cette approche s’inscrit dans le cadre du Parcours Accélérer la croissance (détail).
Ce contenu a été élaboré avec le soutien inconditionnel de nos membres.
Credit Musical : « Summer » by Benjamin Tissot – Royalty free music @ bensound.com
Crédit Photos : Pixabay et Unsplash

La banque est une institution financière fortement réglementée, jouant un rôle d’intermédiaire entre épargnants et emprunteurs. 

Différence entre les banque française et les banques des autres pays

Dans tous les pays du monde, les banques remplissent les mêmes fonctions : collecte d’épargne avec les Banque de Dépôt, gestion de l’épargne et offres de services financiers avec les Banques d’Investissement et banques d’Affaires.
Ce qui change c’est la proportion entre le nombre et la taille des banques de dépôt et celles d’Investissement d’un pays à l’autre.
La France est surreprésentée dans le classement mondial des banques par taille de bilan et d’encours en regard de son rang de PIB. Nous sommes 10éme mondiaux par le PIB et nous affichons 5 banques dans le Top 50 Mondial
Fin 2023, Les 4 premières banques dans le monde (par taille de bilan) sont Chinoises, les 3 suivantes américaines, HSBC (UK) est 8éme, BNP 9éme, Crédit Agricole 13éme, Société Générale 25éme, BPCE 27éme, la première Allemande Deutsch Bank est 34éme. Je crois que nous ne sommes battu dans le rapport poids/taille que par les Suisses avec UBS (26éme)
( voir le Top 50 des banques dans le monde https://risk.lexisnexis.com/global/fr/insights-resources/article/bank-rankings-top-banks-in-the-world)

Origine des ressources des banques

Les revenus des banques proviennent principalement de la marge nette d’intérêt (MNI) et des commissions sur les services proposés.
La marge nette d’intérêt est la différence entre le coût des ressources (l’argent utilisé) et le taux des emplois (le taux moyen d’intérêt de l’encours total de crédit)
Les ressources sont constituées des dépôts des clients (95 %), complétés par des opérations sur les marchés financiers (5 %)
L’activité bancaire repose sur l’octroi de crédits (consommation, équipement, immobilier), dont les taux varient selon le niveau de risque.
Exemple : une banque affichant un PNB de 232 M€, des frais généraux de 138 M€, des provisions pour risques de 20 M€, et un résultat net de 68 M€, dont 90 % sont mis en réserve pour renforcer les fonds propres, indispensables à l’octroi de nouveaux crédits. Une partie (5 %) est reversée aux sociétaires.

Gestion du risque bancaire

Au fil des crises financières et bancaires, les différences s’estompent. Les interconnexions bancaires entre les différents pays, souvent dévoilées par les crises, ont permis l’émergence d’une gouvernance mondiale du risque (les fameux accords de Bâle dont nous sommes à la version 3). L’effet de levier marche aussi pour les banques. Moins l’on met de fonds propres (de marge de sécurité) face à un stock de risque, plus la rentabilité est forte quand tout va bien … et plus la chute est brutale quand les choses vont mal. A la fin ce sont les population (les Etats) qui payent pour éponger la casse. Ce jeu de privatisation des profits et de nationalisation (mondiale) des pertes n’était plus soutenable au niveau international. D’où la mise sous contrôle harmonisée du système bancaire mondial.
En revanche chaque banque reste en contrôle de sa stratégie de risques : certaines peuvent en prendre plus que d’autres, mais les règles de provisions réglementaires rendent la prise de risque moins rentable et la possibilité d’une explosion en chaîne du système bancaire moins probable. La nouvelle réglementation permet la prise de risque mais s’assure que si les choses tournent mal, ceux qui ont pris des risques mourront seules.
Donc Oui, la politique du risque change d’une banque à l’autre et Non, la Gestion du risque ne change pas d’une banque à l’autre (même réglementation)
Le métier du banquier consiste avant tout à gérer le risque. Le système bancaire repose sur la confiance (fiducie) et sur l’existence d’un prêteur en dernier ressort, tel que la BCE pour les banques européennes.
L’histoire montre que la fragilité du système peut conduire à des crises majeures (ex. 1929). La coopération entre banques reste essentielle pour la stabilité.
Depuis la fin des mesures « quoi qu’il en coûte » liées à la COVID-19, on observe une hausse des défaillances d’entreprises. 

Cause des défaillance d’entreprise et rôle des banques d’affaire

En général une hausse d’activité économique entraîne une diminution des défaillances et une baisse d’activité, une hausse. Un peu comme la vie en Hiver et en été.
Dans la période COVID, à la suite de travaux économiques sur les nombreuses crises précédentes, il a été décidé en France et en Europe de mettre en place un filet de sécurité pour éviter une hécatombe.
L’idée était de permettre un rebond plus rapide en sortie de crise en s’appuyant sur le tissu économique survivant. D’où la chute des défaillances dans une période de forte récession (-7.5% en 2020) et le fort rebond post-COVID (+6.4%).
Cela a aussi sauver des entreprises mal en point (les entreprises Zombies) qui ont déposées en nombre une fois le choc de reprise passé (2022, 2023 et 2024) et l’ardoise des PGE à rembourser présentée.
C’était le prix à payer pour éviter un hiver nucléaire économique.
Les banques classent les entreprises selon leur probabilité de défaut :
1. Rouge : aucun crédit
2. Orange : crédits limités
3. Vert : crédit accordé

Qu’il y a t-il dans la tête d’un banquier lorsqu’il analyse une entreprise

Le banquier se poste trois question :
1. LA QUESTION N°1 : Vais-je récupérer mon argent ? En gros : Sur 100€ prêté je gagne en MNI environ 1€/an soit 10€ sur 10 ans. Mais si mon emprunteur fait défaut …. Je perds de l’ordre de 50€. Donc mon risque N°1 c’est le défaut. Le défaut survient toujours par une consommation excessive de cash, qui est directement liée à une rentabilité insuffisante d’où le point suivant :
2. L’entreprise est-elle rentable ?  
3. Et pourquoi va-t-elle le rester (au moins jusqu’au remboursement de la dernière échéance de mon prêt.

Question 1) Pourquoi constate-t-on une baisse des montants de crédits accordés entre 2024 et 2025 ?
C’est liée à la hausse des taux d’emprunt (de 1 % à 4 %).
Cette hausse est due à la Reprise d’activité (Inflation) + Guerre en Ukraine (Inflation) => Hausse des taux directeurs pour freiner l’activité (et ralentir l’inflation) => Hausse des taux longs.

Voici le graphique illustrant le prix de l’argent à court terme (celui que les banques payent quand les dépôts sont partis chez Qonto) : EURIBOR 3 mois.

Question 2) Quelle est l’avantage de la position française, par rapport à celle des pays anglo-saxons ?
L’avantage/ inconvénient de cette « position » française est d’être Moins souple / innovant / offensif … mais Plus stable / solide / durable et , moins dépendante des marchés financiers, plus régulées, plus stables.

Question 3) Que penser de la augmentation des encours de crédit ?
C’est un signe positif si les emprunteurs peuvent rembourser, reflet d’investissements et de consommation. Négatif si en haut de cycle économique, accroit les difficultés pendant la phase de ralentissement.
Concernant le « cycle économique », L’économie (science Humaine par excellence) est composée de « boucles de feed-back » ou de rétroaction. La hausse appelle la hausse (via des biais cognitifs : Optimisme, renforcement, extrapolation linéaire …) et la baisse appelle symétriquement la baisse. L’activité économique enchaîne des phases de hausses, puis de baisses que l’on suit avec des indicateurs comme : La création de richesse (la hausse du PIB), l’emploi, l’inflation, la création monétaire, etc…
Lorsqu’après une phase de hausse la croissance s’infléchit, stagne, puis commence à descendre, on sait que l’on a passé le « haut » du cycle économique et que le ralentissement, voire la récession, point le bout de leur nez.
 Qu’est ce qui fait que les encours de crédit augmentent ? Quand la masse de crédit accordé dans l’année (le débit du robinet de la baignoire) est supérieur au remboursement des crédits déjà existant (le débit de la bonde de la baignoire).

Question 4) Qu’est -ce qu’une Provision pour risque ?
La provision pour risque est calculée selon des modèles statistiques et les tendances économiques (inflation/déflation), juste équilibre entre prudence et développement.
Les trois dernières crises (1987, 2000, 2007) ont donné lieu à trois versions de la réglementation (Bâle I, II, III ; réforme des règles prudentielles bancaires visant à renforcer la solidité des banques), chacune venant boucher des trous dans la perception et du contrôle réglementaire des risques.
Un ensemble de règles établies pour renforcer la solidité de la chaine bancaire mondiale et éviter un « maillon faible ».
• Obliger un ratio de liquidité minimum (rapport entre dépôt et dettes) => résister quelques semaines à un « banque run » pour permettre d’organiser une intervention et éviter un « krach éclair ».
• Obliger une limitation de l’effet de levier => obliger à un montant de fonds propres suffisant pour éviter une perte totale de ceux-ci en cas de choc économique ou financier.
• Obliger à des mesures contracyclique : augmentation des fonds propres quand l’économie est en croissance … puisqu’après l’été …. L’hiver s’en vient 😊
• Une augmentation de la couverture de certains risques dont l’expérience de 2007 a montré qu’ils étaient sous-évalués.
• Des tests de résistances standardisés : impact sur le bilan d’une banque d’un ensemble de scénario « catastrophe ».
• La transparence sur le résultat de ces tests.
• Etc …..

Question 5) Quelle différence entre les Banques traditionnelles vs en ligne ?
La bascule des flux vers les banques en lignes va entraîner une hausse des coûts des crédits.
Pourquoi ? Parce que les banques en lignes collectent l’épargne … mais ne font (que rarement) du crédit. Les banques « traditionnelles » voient ces liquidités, souvent non rémunérée, partir vers les banques en ligne.
Leur « coût » globale de la ressource des banques traditionnelles augmente car elles doivent emprunter cet argent sur le marché pour respecter les ratios de liquidité => pour maintenir leur marge, elles augmentent le coût du crédit.
CQFD : On ne peut pas tout avoir ! Pas de frais et des taux bas.

Question 6) Pourquoi tant de difficultés pour le financement des entreprises innovantes ?
Les difficultés concernent surtout pour les petites structures . Elles peuvent avoir recours à BPI France, aux incubateurs, à la levée de fonds préalable, aux garanties personnelles.
Pour monter un dossier si on cherche un financement en tant que start-up par exemple, il convient :
1. Faire du Chiffre d’Affaires … (et du résultat si possible.
2. Ensuite, convaincre un fond référent dans le secteur d’activité ciblé d’injecter au moins 1 à 2 Millions d’Euros en fonds propres => s’ils ne sont pas convaincus de faire X 10 sur la valorisation … ils n’iront pas.

Mais il n’y a pas que le modèle start-up : mes clients préférés sont très innovants et rentables. Si l’avantage concurrentiel de l’innovation exploité est réel est durable, alors un ROE > 10% et une croissance saine de +10%/an est possible.
Et 1€ placé en 2025 à 10%/an devient (1.10^10) : 2.56€ 10 ans plus tard.

Question 7) Quels sont les Critères de finance verte pris en compte par un banquier  ?
Ils sont intégrés dans le reporting obligatoire (par exemple, financement de véhicules électriques).
Voir par exemple un rapport plutôt apprécié des banquiers : voir Rapport RSE de RENAULT TRUCK.

Voir présentation générale et liste des BeezConf.